Et si ce jeune Belge était le nouveau Bill Gates ?

Le nouveau Bill Gates est-il belge ? On aimerait le croire. Fabien Pinckaers programme pour les entreprises depuis l'âge de 13 ans. Aujourd'hui trentenaire, il développe sa société, Tiny, dans un nouveau marché : les programmes de gestion en logiciel libre, donc gratuits. L'histoire est belle et ne fait que commencer.

Gérer son entreprise sur un logiciel gratuit ? Cela paraissait impensable voici deux ou trois ans. Les logiciels Open Source ne concernaient pas les applications de gestion, de comptabilité (ERP), pour lesquels les entreprises dépensent des milliers d'euros tous les ans. Une entreprise belge, Tiny , s'est lancée dans le secteur.

Elle est plus connue hors de nos frontières que chez nous. Son fondateur, Fabien Pinckaers, l'a créée en 2002 lorsqu'il suivait ses études d'ingénieur civil à l'UCL (Louvain-la-Neuve). L'histoire de cette entreprise fait la couverture du magazine Trends-Tendances daté du jeudi 16 juin. Si le logiciel libre se répand dans ce marché déjà bien occupé (Microsoft, Sage, SAP, Oracle, etc.), Tiny a quelque chance d'y occuper une place intéressante. Elle emploie actuellement 85 personnes, dont 15 en Belgique et le solde en Inde.
Les 2 principes séduisants du logiciel libre : gratuité et accès aux codes, ce qui permet de les adapter à volonté

Le principe du logiciel libre est la gratuité. Et aussi la possibilité d'accéder aux codes des programmes, ce qui permet de les modifier, de les adapter à volonté, à condition de rendre publique la nouvelle version. Grâce à cette logique de communauté, le programme OpenERP de Tiny compte à présent 500 modules. Ce catalogue s'est développé bien plus rapidement que pour un éditeur de logiciels dits «propriétaires» : «En trois ans et demi, l'offre OpenERP a développé 42 comptabilités pour 31 pays», chiffre Fabien Pinckaers. Un éditeur propriétaire aurait eu besoin de 10 ans pour arriver au même résultat.

Tiny n'est pas le seul à se développer sur ce nouveau marché. Parmi les acteurs les plus importants figurent l'américain Compiere et l'espagnol OpenBravo qui, tous deux, bénéficient de fonds de capital-risque. La société d'investissement flamande GIMV a ainsi misé 3 millions d'euros sur OpenBravo.

Ce nouveau marché, encore très marginal, devrait, selon le bureau d'étude Gartner, arriver à éclosion en 2012. La crise pourrait favoriser son développement, car l'argument de la gratuité du logiciel n'est pas mince. «Avec un programme propriétaire, nous aurions dû payer 400.000 à 600.000 euros de licences», indique Didier Georgieff, responsable de l'informatique de l'ENA (Ecole nationale d'administration), qui a installé OpenERP pour gérer les cours et les formations développées par la prestigieuse école française.
Attention : la gratuité des licences ne signifie pas gratuité totale du logiciel. Loin s'en faut...

Les logiciels de gestion Open Source doivent encore atteindre une certaine maturité. Leur succès ne dépend pas seulement des programmes disponibles, déjà nombreux, mais aussi des sociétés de services. Ce sont elles qui, souvent, assureront le développement ou l'adaptation des programmes aux besoins de leurs clients.

Pour l'heure, la plupart des sociétés de services distribuent et installent des logiciels propriétaires. Quelques-unes ajoutent à leur catalogue des logiciels libres. Certaines se créent néanmoins pour installer exclusivement de l'Open Source. Certains pays, comme la France, sont plus avancés que la Belgique, car les pouvoirs publics y encouragent les développements en logiciels libres.

«Avec le logiciel libre, l'entreprise est davantage dépendante des sociétés de services, cela lui coûte plus cher», estime pourtant Philippe Tailleur, manager de Sage pour la Belgique. Cette situation pourrait se présenter si le nombre de sociétés de services actives dans l'Open Source restait encore trop réduit.

Il est vrai que la gratuité des licences ne signifie pas gratuité totale. Loin s'en faut, puisqu'il faut payer l'installation du logiciel, la formation éventuelle, les adaptations. Sans oublier la maintenance. Ce service annuel, facturé par les sociétés de logiciels propriétaires environ 14 % à 20 % du prix de la licence, garantit la pérennité du programme, les mises à jour et une aide en cas de bug ou de souci. Ce coût revient d'une manière ou d'une autre avec les logiciels libres. Une des sources de financement de Tiny provient d'ailleurs de la maintenance.
Autre critique à l'encontre des éditeurs de logiciels libres : leur taille, jugée trop faible face aux géants du logiciel propriétaire

L'autre critique est la taille très modeste des éditeurs de logiciel libre. Tiny est encore une puce face à un SAP. Ceci dit, les logiciels étant «libres», en cas de disparation, un autre éditeur, une société de service peuvent prendre le relais et continuer les développements et les mises à jour.

Où sera Tiny dans quatre ans ? Cela dépendra de son succès dans sa recherche de fonds. L'entreprise se développe jusqu'à présent en autofinancement et demeure de taille modeste : un peu moins de 1 million d'euros de ventes en 2008, 700.000 euros pour les six premiers mois de 2009, selon Fabien Pinckaers. Il faudrait quelques millions de fonds pour pouvoir embaucher des équipes de marketing et de développement et donner une assise plus professionnelle. Tiny a déjà été approché par des investisseurs français et britanniques, mais avait décliné.

Robert Van Apeldoorn

Source: http://www.trends.be/fr/economie/high-tech/12-1637-48491/et-si-ce-jeune-belge-etait-le-nouveau-bill-gates--.html#
http://blip.tv/play/AYGVkVUC

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